Mairie de Castifao

Casa Cumuna

Guerroyer : Les lieux de Sampieru

Le fait est attesté. Sampieru Corsu, le condottiere, personnage incontournable de l’histoire de Corse, fit de Castifao l’un de ses refuges lors des guerres qu’il mena, au XVI° siècle, contre le pouvoir génois.  La mémoire de ses différents passages s’est transmises dans la population de Castifao. Il est ainsi connu que Sampieru rejoignant a Petrera di Caccia, l’une des « ville » qui alors composaient la parocchia San Nicolao di Caccia. Des lieux aujourd’hui témoignent de cette histoire dans le « quartier » de la Petrera à Castifao. Alors que Sampieru, colonnel expérimenté, combattant d’élite, voyait la vie à travers le prisme de la violence guerriière, des aspects tactiques et des visées stratégiques, trois arguments permettent de comprendre sa présence à Castifao. Tout d’abord, il savait la population lui être acquise et il pouvait compter sur des appuis militaires concrets ; ensuite, il savait le lieu appuyé sur un site défensif naturel ; enfin, il connaissait sa dimension stratégique : tenir Castifao, s’était contrôler un certain nombre de voies de communications vers la Balagne, vers le Nebbio, vers Corte…

Les textes des chroniqueurs nous laissent des témoignages sur ses passages à Castifao en 1554, puis en 1564, dix années plus tard. Une description le saisit alors que sur le Col San Francesco, devant le couvent détruit, il procède à une forme d’action psychologique, une provocation contre les troupes génoises massées autour de l’église de « l’Annunziata di Moltifao ». Nous sommes entre le 10 et le 11 juillet 1564 : « Sampiero la mattina a buon’ora, montato a cavallo con solamente tre compagni volle andar alla vista dé nemici per vedrer l’ordine ch’osservava quel campo, e si messe su di un eminente poggetto del quel luogo il tutto benissimo vedeva, e tanto vicino che da molti nemeci fu’conosciuto… ». Le « poggetto » dont il est question dans cette narration se trouve en avant du couvent de Caccia, désormais échancré par la route, identifiable à la roche sur laquelle les promeneurs ont pris l’habitude de s’assoir pour contempler le décor puissant des montagnes qui enveloppent la vallée de l’Ascu, observer les lointains confins du Rostinu, et, dans le détail, le site en fer à cheval sur lequel se déploie le beau village de Moltifao, une vue aérienne propice à l’observation comme à la rêverie